Depuis sa création en 1833, le Grand Orient de Belgique défend la franc-maçonnerie dans sa dimension « adogmatique et progressiste ». Elle ne peut donc être assimilée à une église ou tout autre structure proposant une pensée unique. Elle n’est pas plus un parti politique ou une organisation syndicale. Bien qu’ancrée dans le monde réel, elle n’est pas pour autant un centre laïque. Elle est fondamentalement attachée à la liberté d’opinion, la liberté de conscience et réfractaire à toute instrumentalisation ou contraintes extérieures. Liberté, Égalité, Fraternité

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jeudi 23 février 2023

L'intériorité ( Cliquer sur l'image ) | France culture 3 février 2023

Dans cette série consacrée à l'intériorité, Avec philosophie se demande pourquoi on se parle à soi-même, si la vie psychique est un objet du droit, comment écrire ce qu'on a dans la tête ou encore si le corps est la frontière entre le dedans et le dehors.


Épisodes


>>> Pourquoi se parle-t-on à soi-même ?

Mais d'où peut bien venir cette voix que nous entendons dans notre tête lorsque nous nous adressons à nous-mêmes ? En quoi le langage intérieur peut-il être bénéfique ? Et comment traiter ses dysfonctionnements qui se manifestent sous la forme de ruminations ou encore d'hallucinations auditives ?


>>> Le corps est-il la frontière entre le dedans et le dehors ?

Le corps a longtemps été écarté dans les débats philosophiques au profit de l'esprit. Pourtant, le corps est un acteur décisif de notre perception et de notre compréhension du monde. Que nous apprend le corps sur le monde extérieur ? Quel accès à l'intériorité ce même corps rend-il possible ?


>>> Comment écrire ce qu’on a dans la tête ?

Pour écrire ce qu'on a dans la tête, il est nécessaire de cultiver une certaine solitude. Une forme d'indifférence provisoire au monde semble alors souhaitable pour développer son intériorité. C'est dans cette manière de se rendre disponible à ce qui se passe au dedans que naît l'inspiration.


>>> Le droit s'intéresse à notre vie psychique : une bonne nouvelle ?

Des "droits fondamentaux psychiques" émergent, en lien avec une nouvelle manière d'encadrer les comportements psychiques : ceux-ci sont appréhendés comme objets du droit, et non de la morale. Mais un tel encadrement de notre vie psychique par le droit n'entraîne-t-il pas des impensés ?

jeudi 26 janvier 2023

Frankenstream, ce monstre qui nous dévore | ARTE 2 déc. 2022


Frankenstream rencontre les pères fondateurs du stream, ausculte son histoire et sa conquête du monde pour finalement interroger notre aveuglement face à la pollution numérique. Collage d’archives, d’interviews et de data-visualisations, le récit offre une effrayante plongée dans cette technologie, miroir de nos propres excès sur internet.

Né il y a trente ans dans un recoin d’Internet, le streaming est devenu la technologie incontournable des années 2020. 

Dissimulé derrière un jargon marketing aérien, fréquemment associé aux termes "dématérialisation", "virtuel", "cloud", il paraît désincarné alors qu’il nécessite des installations physiques lourdes pour fonctionner : infinité de serveurs, câbles, réseaux, data centers, terminaux, etc... 

À cause de sa boulimie, cette technologie fait en outre exploser la consommation d’énergie et de matières premières. À l’aide d’un collage percutant d’infographies, d’archives carburant à l’ironie geek, et grâce à un jeune aéropage d’experts et des rencontres avec ses pères fondateurs, ce documentaire retrace l’histoire du streaming et sa conquête du monde, parallèlement à la montée en intensité des alarmes des climatologues. Il interroge notre aveuglement face à la pollution numérique. Jouant sur l’analogie entre cette technologie et Frankenstein, à coups de malicieuses apparitions de Boris Karloff, il n’assène pas de verdict définitif pour autant. Sa dernière partie esquisse des solutions, individuelles ou collectives, pour dompter et verdir la bête.

vendredi 13 janvier 2023

Le mystère Héraclite ( Cliquer sur l'image ) | France culture 07/06/2021

À retrouver dans l'émission LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth

TOUS LES ÉPISODES


>>> Portrait d’un philosophe en feu


L'Obscure, le solitaire, celui pour qui le feu est le principe originel de toute chose, a suscité nombre d'incompréhensions. L'énigmatique Héraclite, nous...


>>> Quand Nietzsche rit, Héraclite pleure

Héraclite en pleurs, sidéré devant le flux du devenir. C'est comme ça qu'il est le plus souvent représenté. Ses larmes ont largement marqué les philosophes...

>>>  Nietzsche versus Héraclite : Nietzsche qui rit, Héraclite qui pleure. 


>>> L’impossible rencontre avec le réel

Dans ses fragments, Héraclite soutient l'idée que nous sommes séparés du langage, mais alors, pourquoi a-t-il écrit ? Et si tout langage est voué à l'échec,...



Pour le penseur indien, Shri Aurobindo, Héraclite se rapproche davantage de la pensée indienne que de la philosophie occidentale contemporaine. Héraclite...


>>> Le rire de Démocrite et le pleurer d’Héraclite. La représentation des philosophes de l’Antiquité dans la littérature des Siècles d’or

mardi 27 décembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ PEUT-ON COMPRENDRE D’OÙ VIENT L'EFFICACITÉ DES MATHÉMATIQUES EN PHYSIQUE ? | Institut d'Astrophysique de Paris


L'idée que les mathématiques sont le langage naturel de la physique est devenue banale et semble claire. Elle peut toutefois s'interpréter d'au moins deux façons, qui ne sont pas du tout équivalentes des points de vue épistémologique et philosophique :

- soit ce langage est pensé comme étant celui de la nature même, ce qui implique que celui qui étudie la nature devra l'assimiler pour la comprendre ;

- soit, à l'inverse, ce langage est pensé comme étant le langage de l'homme, et c'est donc nécessairement dans ce langage-là que devront être traduits les faits de la nature pour nous devenir compréhensibles.

Les progrès récents de la physique aident-ils à départager ces deux approches ?

De la physique quantique au Quantum Computing - Etienne Klein à l'USI


Chercheur au département des sciences de la matière du CEA (Commissariat pour l'Energie Atomique), philosophe des sciences et auteur prolifique, Etienne Klein a le don de rendre accessibles certaines questions compliquées posées par la science. Et c'est tant mieux, car il est aujourd'hui venu parler de l'histoire de la théorie quantique...

jeudi 22 décembre 2022

Stratèges, une histoire militaire ( Cliquer sur l'image ) | France culture 5 décembre 2022

Portraits de stratèges pour une histoire militaire ! Voici Sun Tzu et l'art de la guerre et César avec la guerre des Gaules, comment vaincre sans péril inutile ? Clausewitz a-t-il inventé la guerre absolue ? Voici Che Guevara et la guérilla. Stratèges, vous verrez du pays qu’ils disaient !


Épisodes


>>> Sun Tzu et l’art de la guerre, comment vaincre sans péril inutile ?

Dans l’Antiquité chinoise, un stratège nommé Sun Tzu aurait écrit un traité militaire, "L’Art de la guerre", dont la traduction, l’interprétation et les applications sont aujourd’hui encore discutées. Qui était vraiment Sun Tzu ? Et quel sens faut-il donner à son traité ?


>>> César et la guerre des Gaules. Vous verrez du pays qu’ils disaient !

Renseignement, alliances, bataille rangée ou siège, quelles tactiques et stratégies César a-t-il déployées pour conquérir les Gaules ? Comment se battaient les légions romaines et quel rôle jouait la cavalerie ?


>>> Clausewitz a-t-il inventé la guerre absolue ?

Le militaire prussien Carl Von Clausewitz est une figure centrale des guerres napoléoniennes qui bouleversent l’Europe du début du XIXe siècle. Publiés de façon posthume, ses écrits sur le fait militaire sont un témoignage éclairant d’un moment charnière de l’histoire militaire et philosophique.


>>> Che Guevara et la guérilla, avoir l’ennemi à l’usure

Entre 1953 et 1959, la guérilla cubaine menée par Fidel Castro et Ernesto Che Guevara a raison du régime de Fulgencio Batista pourtant soutenu par les États-Unis. Quel rôle joue la guérilla dans l'histoire de la stratégie militaire ? Peut-on parler d'une stratégie de guérilla et de contre-guérilla ?

mardi 20 décembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Grande Traversée : le prince Dracula, une histoire vraie ( Cliquer sur l'image ) | France culture 16 décembre 2022

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.

 

C’est l’histoire de Vlad Dracula, dit "Țepeş", l’Empaleur. Ce prince de Valachie incarne le tyran ultime, le monstre sanguinaire, le semi barbare qui n'a d'autre choix, pour survivre au milieu des empires naissants et des royaumes décadents du XVe siècle, que de semer la terreur.

Les récits qui sont faits de lui le dépeignent en faiseur de martyrs. Son nom même est ambigu : Dracula veut dire “le diable” et “le dragon” à la fois. Vlad l'Empaleur reste une énigme.

Plus 500 ans après sa mort, Dracula prend les traits du prince des vampires sous la plume de Bram Stocker. Vlad cohabite alors avec son double de fiction, dans un face à face régi par la littérature et l'histoire. Héros limite, objet de culte et de rejet, l'histoire (vraie) du prince Dracula est une traversée au seuil de ce qui peut se dire, mais ne peut pas s’entendre.


Épisodes


>> Vlad, en-deçà du conte

Quelle est la véritable histoire de Dracula ? Au XVe siècle, dans une petite principauté roumaine, règne un prince que l'on dépeint sous les traits d'un homme sans pitié, d'une cruauté démesurée, adorant le pal pour supplicier : Vlad Țepeș.


>>> Entre deux mondes, le fils du diable

Pour approcher Vlad Țepeș, il faut remonter dans un premier temps à ses origines : sa terre, la Valachie, et la dynastie des Basarab, grande famille princière, dont il est l'un des descendants. Il faut aussi dessiner la carte des conflits qui agitent l'Europe au XVe siècle.


>>> L'Empaleur ou la diplomatie du sang

1456. Trois ans après la chute de Constantinople, Vlad Țepeș monte pour la deuxième fois sur le trône valaque. C'est là que naît réellement "l'Empaleur", prince cruel dont le règne sera marqué par l'exercice d'une violence inouïe, relatée avec effroi par ses contemporains.


>>> Le double sans reflets

Vlad Tepes meurt en 1476. Du lieu incertain de sa sépulture aux réécritures littéraires et politiques de sa vie, son existence résonne encore des siècles plus tard. Il réapparaît sous les traits du vampire Dracula au 19e siècle ou dans le rôle du souverain idéal pendant la période communiste.


L'équipe

  • Mattéo Caranta, Production
  • Anne Perez, Réalisation
  • Anna Pheulpin, Collaboration

jeudi 8 décembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ SARTRE - L'amour | Charles Robin

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Confinés avec... Simone de Beauvoir ( Cliquer sur l'image ) | France culture 16/11/2020

Quatre émissions autour de Simone de Beauvoir, des tâches ménagères au café de Flore, de l'amour nécessaire pour Sartre aux amours contingentes pour les autres, de l'écriture de soi à la réflexion philosophique...

À retrouver dans l'émission LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth


TOUS LES ÉPISODES


>>> Sommes-nous toutes des femmes mariées ?

Dans "Le Deuxième sexe", s’inspirant d’ >>> Heidegger qui montre que nous sommes pris dans l’humeur d’un monde, Simone de Beauvoir décrit le destin social de...


>>> Phénoménologie du jus d'abricot

Dans ses Mémoires, Beauvoir a mythifié le café de Flore, où avec Sartre et ses proches, elle passa une grande partie de la guerre. Comment ce lieu confiné...


>>> Faut-il se libérer du corps féminin ?

Dans "Le deuxième sexe", Simone de Beauvoir déplie les ressors incarnés de la domination masculine à travers une réflexion et une description du corps...


>>> "Je ne pourrais pas vivre uniquement de bonheur et d’amour”

Faut-il se donner entièrement à la personne qu'on aime ? Comment trouver l'équilibre ou la réciprocité du don de soi et de recevoir ? La femme amoureuse,...

De la politique néotribale par Marta Bucholc | Dans Sociétés 2011/2 (n°112), pages 17 à 26

Introduction

Aujourd’hui, la question concernant la possibilité de la politique dans le monde moderne occupe tous les philosophes de la politique, et il semble que ce problème est propre à notre époque. Néanmoins, cette question n’est qu’une variante des questions classiques sur la pertinence de la politique, visant à la séparer en tant qu’un objet d’analyse. Dans mes réflexions sur la politique dans la société contemporaine, je voudrais utiliser les catégories proposées par Michel Maffesoli pour deux raisons. 

D’abord, sa théorie se situe très près des motifs classiques de la pensée sociologique. Puis, il attribue à la politique une signification bien particulière. Maffesoli a pris Machiavel pour le patron de son Temps des tribus. À première vue, ce choix n’est pas évident. 

On peut lire cet ouvrage comme une ardente polémique avec la politique dans les sens donnés par Machiavel, en tant qu’un art de gagner et de maintenir le pouvoir. La crise de la politique ainsi définie devient l’un des sujets les plus importants de l’autonarration de la société contemporaine. 

L’originalité de Maffesoli a donc les mêmes origines que celle de Machiavel – tous les deux, ils comprennent qu’il est temps de réviser notre compréhension du politique. Maffesoli propose un retour à la « pensée de la place publique », à la politique qui n’est pas faite à partir de la perspective des salons et des académies. Dans ce texte, je voudrais demander si cette vision n’entraîne pas l’effacement du problème de la politique en général. C’est ainsi que je vais opposer les idées de Maffesoli et celles de >>> Max Weber, en indiquant les points où ils ne peuvent pas s’accorder.

La naissance de la société néotribale

Maffesoli nous donne une critique de l’hyper-organisation moderne, de l’hypertrophie des régulations, de la fiction omniprésente de l’individualisation. Cette critique concerne des théories sociologiques ainsi qu’une réalité sociale que celles-ci décrivent et construisent. Maffesoli s’oppose notamment à la vision weberienne de la modernité : Weber – par le postulat de Wertfreiheit – affirme « un type moderne de l’homme rationalisé comme la somme des habitudes stéréotypées : l’homme d’organisation » . Maffesoli fait une opposition entre ce désenchantement et le réenchantement postmoderne. Les institutions dépourvues de la magie et la sociologie scientifique sont incapables de faire face à la pression de l’irrationnel qui est une conséquence immédiate de la rationalisation.

Maffesoli a développé le concept de « la société néotribale » mais il vaut mieux parler d’une « société des néo-tribus ». Cette dernière, bien qu’elle ressemble beaucoup à ses ancêtres pré-modernes, s’est fondée sur un mode inédit de construction des relations interpersonnelles, retournant à la pure socialité processuelle.

La socialité – d’après Maffesoli – est une réinterprétation synthétique de la solidarité organique durkheimienne et de la sociabilité simmelienne. Maffesoli renverse le sens des deux types de solidarité sociale de Durkheim : le type mécanique, typique de la société moderne, s’opposant au lien organique né de la diversité, qui est caractéristique d’une société tribale. Quant à la sociabilité, celle-ci inspire Maffesoli particulièrement comme une forme primordiale de la socialisation. La nature volontaire, l’importance d’un élément proxémique, la légèreté et le plaisir – telles sont les propriétés des relations sociales selon Simmel, que Maffesoli attribue à toutes les interactions.

Le principe d’appartenance

Les communautés fondées sur une telle socialisation ont plusieurs aspects particuliers dont le premier est la viscosité de la vie tribale. Maffesoli fait valoir que la compacité exceptionnelle des néo-tribus découle du principe de l’appartenance fondée uniquement sur les propriétés qui ne peuvent pas être acquises par une action délibérée. On ne peut pas apprendre à aimer le thrash metal ou la prose de Virginia Woolf : tout simplement, un jour, il est clair que l’on ne puisse plus vivre sans eux. C’est le goût qui nous donne un billet d’entrée à la tribu des fans, vu le rôle joué par l’esthétique dans la vie tribale.

Les membres d’une tribu se reconnaissent grâce à des signes externes. On peut se contenter de la métaphore de Goffman selon lequel il s’agit là d’une conséquence de la multitude des rôles joués par les individus dans des spectacles différents. Maffesoli l’accepte, mais il va plus loin, vers l’extérieur de ce goût qui dirige les personnes vers des rôles divers. Le goût fonctionne d’une manière mécanique : il est même difficile de parler des « choix esthétiques ». À un moment, certaines choses cessent de correspondre à une certaine « forme de vie ». Mais la forme de vie wittgensteinienne n’est pas réglée a priori – une hexis est requise pour suivre les règles, celle qui est intégrée à la vie communautaire fondée sur l’émotivité et la spontanéité. Ainsi, la forme de la vie d’une tribu ferme-t-elle l’accès aux « autres ». Une tribu constitue un groupe de personnes qui se reconnaissent mutuellement par leur vêtement similaire, c’est-à-dire par l’esthétique sans implications morales ou intellectuelles immédiates. Par conséquent, Maffesoli fait valoir que l’on peut caractériser l’attitude néotribale par « l’immoralisme éthique ». L’éthique cesse de garantir la cohérence de la vie à la moderne, elle n’ordonne pas la biographie, elle ne produit pas de subjectivité individuelle. La communauté émotionelle est instable, ouverte, tout en demeurant dans une relation anomique avec la moralité reconnue.

Dominer une tribu ?

Tout mène à la conclusion que, dans une tribu, il n’y a pas de place pour la domination au sens weberien, définie comme la chance d’obéissance. Le goût, sans être systématique ni réglé, ne peut pas la garantir. Maffesoli fait une exception pour la domination charismatique, le seul type de domination fondée sur la dépendance personnelle du leader. Chez Weber, la domination charismatique dure pourtant aussi longtemps que le charisma du leader. En revanche, un charisme néotribal persiste jusqu’à ce que les membres de la tribu aient une attitude émotionnelle subjective envers le leader.

Une tribu – fermée du point de vue épistémologique et communicationnel – reste en même temps ouverte puisque l’abandon n’est pas limité. Cela résulte de l’inconstance du goût. La « chance d’obéissance », qu’a un leader tribal charismatique, est alors sûre et imprévisible à la fois. Le chef d’une tribu ne sait jamais le nombre de ses supporters, bien qu’il puisse être sûr de leur loyauté.

Dominer une société tribale ?

Si l’on constate que la catégorie de domination weberienne ne s’applique pas à une seule tribu, il nous reste à élargir le champ d’intérêt à une multitude de tribus. Par là, on reprend la question de l’identité tribale en tant que fondement de l’intégrité individuelle et sociale. Si chaque néo-tribu a sa propre forme de vie, qu’est-ce qu’était une société composée de telles néo-tribus ?

Maffesoli ne nous donne pas une réponse directe. Il utilise la métaphore du réseau pour indiquer une variété de dimensions du néo-tribalisme. Cette métaphore n’explique pas, cependant, comment un ensemble construit d’unités si périssables peut exister. Cela nous amène à la question de la dualité des règles selon lesquelles fonctionne la société néotribale. 

La personne (persona) dans une tribu – au niveau micro – agit en tant que membre de la communauté émotionnelle sans dimension institutionnelle. En même temps, l’individu opère dans le domaine du macro-social dont les institutions sont « archaïquement modernes ». Le paradoxe de cette macro-société tient à ce qu’elle ne trouve pas son équivalent au niveau de l’identité individuelle. Cela présente un double obstacle : l’individu n’est plus en mesure de soutenir les institutions dont la logique lui est étrangère et ces institutions perdent leur légitimité. C’est ainsi que le tribalisme a corrompu toutes les institutions sociales . Par conséquent, la personne néotribale vit dans une sorte de commensalisme avec les institutions : sans contribuer à leur fonctionnement, elle fait usage de ce qu’elles offrent. Ce commensalisme se transforme parfois en parasitisme. Ce principe s’applique à toutes les institutions, les institutions politiques y compris.

AVOIR RAISON AVEC LOU ANDREAS-SALOMÉ par Géraldine Mosna-Savoye ( Cliquer sur l'image ) | France Culture

Amour des hommes et combat féministe, faut-il se libérer du désir des autres ?

Lou Andreas-Salomé, Paul Rée and
Friedrich Nietzsche, 1882
.
Les "moitiés" se sentent toujours, l'une autant que l'autre, mal à leur aise et à l'étroit dans leur demeure, si minutieusement qu'elles se soient adaptées l'une à l'autre ; sans doute elles disent désormais "nous" au lieu de "moi", mais ce "nous" n'a bientôt guère les épaules plus larges, pour porter un morceau d'existence, que ne les avait le "moi". Eros (1910), "Réflexions sur le problème de l'amour"

>>> Lou Andreas-Salomé (1861-1937) était romancière, essayiste, psychanalyste. D’elle, de cette femme libre et passionnée, que sait-on pourtant aujourd’hui ? Sait-on qu’elle a écrit sur le narcissisme, le féminin et l’érotisme ? Qu’elle a été entourée des grands hommes de son époque, tout en menant une existence de femme exceptionnelle ?

Femme mais pas féministe, indépendante au grand cœur, philosophe du "moi" mais "pas du nous", Lou Andreas-Salomé nous laisse en héritage une pensée contradictoire de l’émancipation féminine et du désir : une pensée qui s’est incarnée au singulier mais contre toute récupération politique et égalité des sexes.

La vie humaine – ah ! La vie en elle-même – est poésie.  
Inconscients, nous la vivons, jour après jour,  
Étape par étape, - mais dans son intangible  
Unité, elle vit, elle nous fait poésie.  
Loin, bien loin de l'ancienne formule : « Faire de sa vie une œuvre d'art »,  
Nous ne sommes pas notre œuvre d'art  Lettre ouverte à Freud (1931)

Sait-on qu’en 1882 elle a formé, libre et à rebours de l’époque, un trio amoureux avec les philosophes Friedrich Nietzsche et Paul Rée ?

"Egérie" (Nietzsche lui doit son Ainsi parlait Zarathoustra), sait-on que Lou Andreas-Salomé a elle-même développé toute une philosophie de la vie et du Tout, philosophie qu’il serait bon de découvrir aujourd’hui ?

dimanche 27 novembre 2022

Sommes-nous soumis au temps ? ( Cliquer sur l'image ) | France culture 20 octobre 2022

Si le temps est ce qui passe plus ou moins vite, il est aussi ce temps passé qui n’est plus ou ce temps qui nous manque et file entre les doigts. Au quotidien, alarmes, emplois du temps, rendez-vous rythment nos vies … Sommes-nous donc soumis au temps ?


Épisodes


>>> Qu'est-ce que le temps ?

Le temps est une notion polysémique qui renvoie à la durée vécue, au moment présent, aux instants passés, au temps vide ou accéléré. Comment penser cette difficulté du temps : être à la fois changement et permanence ? Quelle différence existe-t-il entre temps et conscience du temps ?


>>> Quelles traces garder de ce qui a été ?

Le temps passe et n'efface pourtant pas ce qui a été. À l'échelle individuelle comme à l'échelle collective, nous devons composer avec ce qui reste. Un certain devoir mémoriel s’impose à nous pour nous rassembler, pour nous reconstruire et pour pouvoir avancer. Que garder de ce qui a été ?


>>> Est-ce que les rythmes sociaux nous maltraitent ?

Comment les rythmes imposés par la société (le travail, l’école, les obligations domestiques) affectent-ils nos vies ? De quelles manières affectent-ils notre bien-être psychique ? Comment se réapproprier ces rythmes dictés par des paramètres sociaux en dehors de notre maîtrise ?


>>> Le temps peut-il vraiment s’accélérer ?

À quoi est dû notre sentiment que le temps s'accélère ? Le climat d'urgence sociale, sanitaire, climatique, géopolitique est-il un facteur aggravant ? L'accélération empêche-t-elle le loisir ?

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ De quoi héritons-nous ? ( Cliquer sur l'image ) | France culture 8 septembre 2022

Si le terme « héritage » peut évoquer d’emblée les lois qui encadrent la transmission du patrimoine, il renvoie à beaucoup d’autres transmissions : culturelles, sociales, religieuses, traumatiques. Alors … De quoi héritons-nous vraiment ?


Épisodes


>>> Le droit d’hériter est-il une évidence ?

Comment fonctionne le droit de propriété ? Un partage égalitaire des richesses suffit-il à rendre la société plus juste ? Faut-il taxer ou bien abolir l'héritage pour réduire les inégalités entre familles ?


>>> Héritons-nous ou méritons-nous ?

La reproduction sociale est-elle inévitable ? La méritocratie existe-t-elle ? Les transclasses ne sont-ils pas l'exemple même qu'une mobilité sociale est possible ?


>>> Sommes-nous déterminés par l’hérédité ?

Les caractéristiques que nous héritons de notre famille sont-elles modifiables ? La distinction entre l'inné et l’acquis est-elle encore pertinente aujourd’hui ? Quel rôle joue l'hérédité dans la détermination de notre identité ?


>>> Comment nos histoires familiales vivent-elles en nous ?

Que faire de notre héritage familial ? Faut-il le conserver, le protéger, le perpétuer ou s’en émanciper ?

vendredi 25 novembre 2022

Un monde obèse | ARTE 23 nov. 2022


Alors que l’obésité progresse inexorablement, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade enquêtent sur les causes de ce fléau planétaire et dévoilent le combat mené dans certains pays pour tenter de l’endiguer.

En 2030, on estime que la moitié de la planète sera obèse ou en surpoids, entraînant une explosion du diabète, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Comment expliquer cette épidémie mondiale, qu’aucun pays n’est encore parvenu à enrayer ? Alors que l’obésité charrie son lot de clichés, des gènes tout-puissants aux volontés individuelles défaillantes, et que les industriels comme les autorités publiques continuent de pointer du doigt le manque d’activité physique ("Manger moins, bouger plus"), ce fléau ne serait-il pas le fruit d’un échec collectif mitonné dans nos assiettes ? À la fin des années 1970, le combat contre le gras, désigné comme responsable des maladies cardio-vasculaires, fait des céréales, riches en glucides et massivement subventionnées, la nouvelle base de notre alimentation. Parallèlement, des produits transformés, allégés en matières grasses mais bourrés de sucre, au pouvoir addictif décuplé par le marketing, déferlent sur le marché. Alors que des voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences funestes de cette révolution, les multinationales de l’agroalimentaire, jamais rassasiées, dépensent des milliards en lobbying pour préserver leur pré carré, tout en répandant le poison de la malbouffe et des boissons sucrées à travers le globe. Si certains pays ont adopté des "taxes soda" ces dernières années, c’est au Chili que le vent de révolte souffle le plus fort : les produits trop riches en gras, sel, sucre ou calories sont frappés de logos d’alerte et interdits de publicité.

Colonisation alimentaire

"On ne peut pas rester les bras croisés et les laisser nous tuer", soutient Malia Cohen, élue de la ville de San Francisco, émue aux larmes. Des États-Unis au Chili en passant par le Mexique et l’Europe, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (Microbiote – Les fabuleux pouvoirs du ventre, Le jeûne, une nouvelle thérapie ?) donnent la parole à des chercheurs, des médecins, des victimes culpabilisées, des politiques et des citoyens engagés pour dresser un état des lieux édifiant de cette épidémie planétaire, qui constitue le problème de santé le plus grave au monde. Mais si les constats, étayés de chiffres, se révèlent effrayants, le documentaire en expose les causes de manière limpide, et explore des solutions pour stopper cette bombe à retardement. Au-delà des réglementations obtenues de haute lutte, la prise de conscience des jeunes déshérités de San Francisco, propagée à travers des clips de rap incisifs, apparaît ainsi comme une vivifiante lueur d’espoir.

Un monde obèse

Documentaire de Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman (France, 2020, 1h30mn)
Rediffusion jusqu'au 21/05/2023

lundi 21 novembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Peut-on penser la race sans l'essentialiser ? ( Cliquer sur l'image ) | France culture 4 novembre 2022

Au-delà des discours politiques et partisans, la race est un objet de pensée à part entière, complexe et délicat. Mais comment, justement, développer une réflexion sur la question raciale sans tomber dans les travers de l'essentialisation ?

Et quelle est l'histoire de ce concept ? Comment les pensées féminismes peuvent-ils nous aider à mieux comprendre à quelles réalités l'idée de race renvoie ? Ce sont toutes ces questions que nous explorons cette semaine.

Épisodes


>>> D'où vient l'idée qu'il y a des races ?

Quelle est l’histoire de ce concept qui oscille dès le départ entre le politique, le social et le biologique ? Et pourquoi avons-nous tant de mal à en finir avec l’idée qu’il existe une pluralité de races humaines, ancrées dans le biologique ?


>>> Comment parler de la race sans être raciste ?

La racialisation se construit en mélangeant des dynamiques politiques, économiques, sociales… Que pouvons-nous dire du mot “race” ? Faut-il et comment en parler ? Que faisons-nous lorsque nous parlons de la race ? Et comment en parler sans être raciste ?


>>> Les féminismes aident-ils à mieux penser la race ?

Pour mieux penser le concept de race, est-il nécessaire d’en sortir pour l’articuler à d’autres ? Le risque de l’essentialisation n’est-il pas aussi dans l’homogénéisation du vécu de la racialisation ? Mais à multiplier les points de vue ne risque-t-on pas l’éclatement des sujets et des discours ?


>>> Le métissage échappe-t-il à l'essentialisation ?

Que recoupent les termes de métissage et de créolisation et qu’est-ce qui les distingue ? Y a-t-il une identité métisse ? L’idée de créolisation est-elle la solution pour échapper à l’essentialisation et tendre vers une authentique pensée de l’universel ?

lundi 7 novembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Mécaniques du complotisme : QAnon | France culture 15/09/2021


Le 6 janvier dernier lors de l'invasion du Capitole de Washington, plusieurs assaillants se sont revendiqués de la mouvance QAnon. Cette nouvelle saison de "Mécaniques du complotisme".retrace l'histoire de ce complotisme d'un nouveau genre caché derrière le "Q" symbolique du mouvement.

11 septembre,  sionisme, grand remplacement… 

Les enquêtes d'opinion le montrent : sur un nombre grandissant de sujets, les Français sont friands de complotisme. Hier cantonnées aux marges, les théories les plus improbables ont gagné en audience et en respectabilité. De l'internaute anonyme au chef d'Etat populiste, des librairies spécialisées aux plateformes de streaming, des cafés du commerce aux plateaux télé, on les retrouve désormais dans toutes les strates de la société. Par quelle mécanique une théorie complotiste née dans l’imagination de quelques uns parvient-elle à devenir un phénomène culturel majeur ? Pour comprendre cette progression, appréhender leur attrait et, peut-être, atteindre leurs relayeurs crédules, il faut en revenir à leurs origines et identifier leurs concepteurs.

Un podcast de Roman Bornstein, Elise Karlin, Alain Lewkowicz, Victor Macé de Lépinay, David Servenay et Romain Weber. Réalisation Thomas Dutter, Guillaume Baldy et Alexandre Manzanarès.Coordination: Baptiste Muckensturm

En 4 épisodes, "Mécaniques du complotisme" propose de s'intéresser à l'irruption de la mouvance QAnon, mise en lumière lors de l'invasion du Capitole de...


>>> les origines

Le 6 janvier dernier lors de l'invasion du Capitole de Washington, plusieurs assaillants se sont revendiqués de la mouvance QAnon. Derrière le "Q" symbolique...


>>> Donald Trump, le sauveur

L’ex-président américain Donald Trump affirme ne rien savoir du mouvement QAnon, néanmoins, il refuse de le condamner. De fait, les partisans de la mouvance...


>>> faire du neuf avec du vieux

Alimentées par l’actualité sanitaire de ces derniers mois, les organisations conspirationnistes comme QAnon ne sont cependant pas nouvelles. Dans les années...


>>> un complotisme qui s'exporte

La mouvance QAnon dépasse les frontières et répand les théories qui la fondent partout ailleurs dans le monde. "Make France great again" scande le média...



>>> Les Protocoles des Sages de Sion, le complot centenaire (1/3) : les faussaires du Tsar

Au tout début du XXe siècle, dans la Russie pré-révolutionnaire du tsar Nicolas II, parait un texte aux origines aussi mystérieuses que son titre : "Les...


>>> Les Protocoles des Sages de Sion, le complot centenaire (2/3) : un passeport pour le génocide

Après la révolution bolchevique, les Protocoles commencent à circuler à l'étranger. Malgré l’évidence de leur caractère frauduleux, deux hommes vont peser...


>>> Les Protocoles des Sages de Sion, le complot centenaire (3/3) : du péril juif au complot sioniste

Après la Shoah, l’Europe et les Etats-Unis délaissent pour un temps les Protocoles et leur mythe du plan secret des juifs pour dominer le monde. Mais au...


Rwanda, le génocide des Tutsi et la conspiration (2/4) : Paul Barril, le clown du révisionnisme
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Covid-19, une épidémie de fausses informations (1/3) : complot et fake news made in China
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samedi 5 novembre 2022

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Histoire de la Russie secrète | France culture 28 septembre 2020

Le goût du secret et de la dissimulation accompagne l'histoire de la Russie. Ses mystiques, son KGB, ses archives et même sa contre-culture sont le reflet d'une tradition forgée par une longue pratique de l'autocratie. Retour sur ce terreau russe propice au mystère.

Épisodes


Grigori Raspoutine vers 1916

>>> Lover of the russian queen ? Ra-Ra-Raspoutine et les mystiques russes

Le mystique est, depuis le Moyen Âge, une figure récurrente dans l'histoire russe. Des Fols-en-Christ à Raspoutine, ces personnalités habitées par des sentiments religieux exacerbés, se retrouvent à la marge de la société tout comme au centre du pouvoir. Comment s'explique cette particularité ?


Yevgeny "Ay-Ya-Ya" Fedyorov et Ricochet
du groupe punk russe, Object of Ridicule, 1986

>>> La contre-culture sous le marteau

Noyée dans une idéologie qu'elle juge asservissante, une partie de la jeunesse de l'URSS défie le pouvoir pour répondre à l'appel de liberté. Certains, comme le chanteur Vladimir Vyssotski, deviennent dissidents malgré eux : la contre-culture soviétique, une dissidence artistique à haut risque.


Les cadets de l'Académie de commandement des
gardes-frontières du KGB Moscou lors du défilé
du 55e anniversaire de la grande révolution
socialiste d'octobre sur la Place Rouge à Moscou

>>> Russie, la KGB Académie

Créés en 1917, les services secrets soviétiques prennent le nom de KGB en 1954. Assassinats et coups tordus, cette police politique inspire la terreur, sa marque de fabrique. Creuset du pouvoir en Russie des tsars à Poutine, comment les services secrets forment et informent les dirigeants du pays ?



 Timbre URSS - juillet 1957
(date d'émission du timbre)

>>> Classé confidentiel dans les caves du Kremlin

En Russie, le début des années 1990 marque un accès facilité aux archives de la période soviétique. La richesse des fonds s’explique par la graphomanie d’un régime qui consigne tout. Aujourd’hui, il est plus compliqué d’accéder à cette mémoire. Alors, comment écrire l'histoire de l'URSS ?