Depuis sa création en 1833, le Grand Orient de Belgique défend la franc-maçonnerie dans sa dimension « adogmatique et progressiste ». Elle ne peut donc être assimilée à une église ou tout autre structure proposant une pensée unique. Elle n’est pas plus un parti politique ou une organisation syndicale. Bien qu’ancrée dans le monde réel, elle n’est pas pour autant un centre laïque. Elle est fondamentalement attachée à la liberté d’opinion, la liberté de conscience et réfractaire à toute instrumentalisation ou contraintes extérieures. Liberté, Égalité, Fraternité

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vendredi 23 avril 2021

∆∆∆ ∆∆∆ ∆∆∆ Le Rite Français ou les Rites des Modernes, par Didier E 12/03/2013

VM, quelques mots d’introduction sur la genèse de cette Pl : Une des principales raisons ayant présidé à l’élaboration de celle-ci, est de répondre à un constat assez affligeant : peu de Maçons connaissent, même de façon succincte, l’histoire de la FM en général, et certainement encore moins l’histoire des Rites Maçonniques. 

Ainsi si vous pensez que le Rite Français Moderne puise ces sources essentielles en France, puisqu’il est dit « Français », et que c’est un Rite récent, puisqu’il est dit « Moderne », en tout cas plus récent que l’Ecossais Ancien et Accepté, vous avez tout faux ! N’étant nullement un historien, ni de la FM, ni du reste d’ailleurs, j’ai basé mon exposé principalement sur les écrits de nos FF Pierre Mollier, Ludovic Marcos et Roger Dachez, dont les travaux sont unanimement reconnus pour leur véracité historique. Il sera évidemment principalement question de Rite Moderne dans cette Planche, mais on ne peut évoquer ce Rite, sans parler des origines de la Maçonnerie spéculative, ni de son avatar, le Rite Français, ni encore de son « meilleur ennemi » le Rite Ecossais ! C’est donc à un petit voyage inter-rite, que je te convie, ainsi que nos FF sur les Col…

Quelques petites définitions personnelles : pour poser le décor, VM

- Définition du Symbole : représentation concrète d’une idée abstraite, le Symbole n’impose rien, il doit suggèrer…et ce qu’on y voit est fonction de l’état d’éveil de l’individu. C’est un outil de compréhension et de transmission. Et, ce qui n’est pas banal, le Symbole parle aux yeux autant qu’au cœur…

- Définition du Rituel : Le Rituel consiste à la mise en œuvre de divers éléments moraux, physiques et matériels, de paroles et de gestes, de lieux et d’objets, de sons, de signes, régie par une scénographie qui est elle-même l’instrument d’un programme qui peut aller du religieux à l’idéologie.

En FM, nos Rituels sont réellement physiques en s’adressant à tous nos sens. Dans l’exécution du même Rituel, avec ses habits, insignes, démarches, saluts, acclamations, paroles…chaque F confirme son engagement et perçoit la même détermination chez les autres FF.

Le Rituel Maçonnique est dès lors, à mon sens, un élément fondateur de la fraternité qui règne au sein d’une L…

- Définition du Rite : les Rituels Maçonniques appartiennent tous à un Rite particulier (RFM, REAA, RER, RFR, RYork, RMM…j’en passe et certainement des pires, VM !). Le Rite Maçonnique est un ensemble de conception, de traditions, de règles et d’usages qui compose une manière d’être et de fonctionner. Vous avez la chance de travailler dans cette L, au R des M, qui est, selon moi, la forme la plus pure, la plus proche de l’esprit de la Maçonnerie pionnière de la bande à Anderson et Désaguliers.

- Définition historique du vocable « Free-mason » : dès l’érection des grandes cathédrales en Europe vers le XIIIeme siècle, on opéra une distinction entre les maçons de pose (layers) et les maçons de taille (hewers). Ensuite, parmi ces maçons de taille, on sépara les techniciens grossiers (rough masons) des véritables artistes de la pierre, surtout des pierres fines calcaires que l’on trouvait en Normandie ou dans le Yorshire par ex. Cette pierre précieuse que l’on pouvait délicatement ouvrager était appelée « pierre franche » (en anglais, freestone). Les maçons aptes à travailler sur cette pierre furent dénommés Freestone Masons et, par contraction : Freemasons ! (diff de freeman Masons = franchises).

Des origines de la FM spéculative

Fi des mythes fondateurs faisant remonter l’origine de notre Ordre aux templiers, voire à l’Egypte antique, VM ! Mais la FM n’est pas née non plus avec la création de la GL de Londres en 1717, comme on l’entend souvent !...La FM spéculative prend probablement son envol en Ecosse au cours du 17ème siècle… quoi qu’il faille, au vu des dernières recherches historiques, tordre le cou à la « théorie de la transition », longtemps en vogue, qui préconisait qu’une Loge opérative soit devenue, au fil du temps, une Loge spéculative ! Les derniers indices (mais le fil complet de l’histoire se perd encore dans les méandres de ce labyrinthe !) déterminent que c’est bien à partir des deux mots de métiers J et B (manuscrits Sloane ou Dumfries), que les us de la FM spéculative vont s’organiser, posé sur le cadre spatial et avec une vision à la fois historique et spirituelle du T de Salomon !

La théorie de l’emprunt semble prendre le pas : emprunts de certains usages de Loges opératives écossaises (comme le mot de Maçon en JetB), acceptant quelque fois des non-opératif (accepted masons), par les premières loges purement spéculatives, prenant naissance, celles-là, principalement en Angleterre, fin XVIème siècle.

Pourquoi l’éclosion de cette FM spéculative à ce moment de l’Histoire ?

Au niveau politique, après bien des turpitudes et des décennies sanglantes, début 1700, on assiste en Angleterre, à un processus d’établissement pacifique de la nouvelle dynastie royale, prête à des accomodements avec le Parlement…et tous les Anglais de cette époque aspiraient à la paix comme à la prospérité économique ! Dans ce climat particulier, la Grande Loge apparaît comme un lieu où pouvait à la fois s’accomplir la réconciliation des élites et du peuple et la volonté commune de donner à l’Angleterre une paix civile durable ! N’est-il pas remarquable, comme le note notre F Roger Dachez, qu’un an après l’apaisement des derniers troubles, la Grande Loge se crée et qu’on trouve dans les premières constitutions d’Anderson de 1723 au titre 2 des Obligations : « Le maçon est un paisible sujet vis-à-vis des pouvoirs civils et ne doit jamais se mêler aux complots et conspirations contre la paix et le bien-être de la nation ».

Sur le plan religieux : il est évidemment révélateur que deux des principaux auteurs des Constitutions aient appartenus à des confessions qui s’étaient naguère affrontées !...et on rappellera le titre 1er des obligations de 1723 « concernant dieu et la religion »… son sens paraît assez clair, si on le replace dans son contexte… il est question « de cette religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord »… n’oublions pas que les bouddhistes et autres musulmans ne se pressaient guère à Londres à cette époque ! D’ailleurs, ne nous leurrons pas, la phrase tirée des Constitutions de 1723 « les Confessions ou dénominations qui aident à les distinguer » désignent les différentes églises chrétiennes qui se cotoyaient alors en Angleterre !

Quant aux « athées stupides et aux libertins irréligieux », leur exclusion est une concession naturelle à une époque où l’appartenance à une communauté écclésiale faisait partie intégrante de l’identité sociale.

Sur le plan intellectuel : on ne peut que s’interroger sur le fait que dans les années 1725-1730, 80 membres de la Royale Society faisaient partie des plus ou moins 250 Maçons ressencés de l’époque ! L’apport de ces cerveaux anglais donna évidemment un coup d’accélérateur à la transformation de cette proto société initiatique basée sur la Maçonnerie de Métier, en véritable société initiatique, avec un background historico-mythique de grande amplitude !

La transmission continentale

Très rapidement après 1717, les premières Loges françaises s’établissent à Paris, (dans les années 1725), souvent sous l’impulsion des représentants de la Grande Loge de Londres qui y imposent leurs règles. La Maçonnerie sur le territoire français est à ce moment calquée sur la Maçonnerie Andersonnienne ( à 2 degrés - le 1er degré appelé apprenti-entré dans lequel on confère les mots et signes J et B – le 2ème deg comp de métier, appelé qq fois Maître maçon avec le mot en MB). Entre 1730 et 1740, le 1er deg se dédouble pour donner les deg d’App et de Comp et l’ancien 2ème devient de facto le 3ème, càd le grade de M, enrichi de la toute récente légende d’Hiram. Presque tout de suite, en France, toute une série de Grades voient le jour, prolongeant le drame d’Hiram : il va de soi que l’assassinat du maître amène à se poser mille questions : va-t-on le venger ? Qu’est devenu son message perdu ? etc… On peut évidemment et facilement embrayer en faisant du Grade de Maître, le premier des « Hauts-grades »…

A ce moment, on peut presque dire qu’il n’y avait qu’une maçonnerie en Grades Bleus… la place des Col et des Surv, les pas d’App, la batterie : tout est déjà comme dans le Rite Français actuel !... et cela des 2 côtés de la Manche ! C’est déjà ce qu’on peut appeler le Rite des Modernes !

Mais, en Angleterre, à partir de 1740, va commencer une longue lutte entre les Moderns, fidèles aux usages de 1717-1723, et les Anciens (arrivés pourtant après !) menés par Laurence Dermott. Ces derniers invoquant une tradition antérieure, peut-être en vogue au XVIIème en Ecosse notamment, et traitant donc les « Andersonniens » de « Moderns » pour avoir, selon leurs dires, perverti les anciens usages de la Maçonnerie! Il semble évident que les FF Irlandais notamment, et les FF d’origines modestes en général, n’étaient guère les bienvenus au sein de la Maçonnerie Andersonnienne… et il faut voir là, le point de départ de la création de l’autre Grande Loge : celle des Ancients. Rien de vraiment idéologique ni de religieux ne séparaient ces 2 groupes maçonniques !... mais beaucoup plus le statut social et la nationalité !

Les Anciens vont donc notamment, intervertir les Col et la place des Surv (JB), remplacer la batterie par The Three Distincts Knocks et commencer le pas par le pied gauche ! Toutes ces pratiques seront reprises au sein du REAA, bien plus tard…

Cette lutte fratricide, ne prendra fin qu’en 1813 par la réunification des 2 Obédiences rivales en Grande Loge Unie d’Angleterre et l’adoption du Rite Emulation. Ce petit tour en Angleterre, pour vous dire que, pendant ce temps- là, la France n’a pas connu cet affrontement et que la FM française a poursuivi sa route selon la forme primitive reçue par les Moderns, bien avant qu’on ne les appelât ainsi !... C’est le Rituel des Moderns qui va se diffuser en France pendant le XVIIIème siècle, le seul Rituel connu pour les grades bleus ! Ce Rite des Modernes, qui deviendra bien plus tard le Rite Français n’a pas de nom à l’époque : c’est juste la FM !...

Entre 1750 et 1760, on constate un foisonnement de grades, dits « écossais ». Rien à voir avec l’Ecosse, mais plutôt un terme « prestigieux » voulant dire « hauts-grades » et aussi « différent » de ce qui se pratiquait… probablement aussi parce que les FF avaient encore à l’esprit le rôle éminent de l’Ecosse dans la genèse de la FM. Nombres de ces grades étaient redondants sur les thèmes Hiramiques et Chevaleresques, par exemple. L’histoire des Hauts-Grades, elle, est vraiment une histoire française !

C’est donc dans un contexte de rivalités que le jeune GODF décide en 1773 de réguler les usages maçonniques. Dans l’avant-propos de Rituels qui vont être adoptés, il est dit que le travail du GODF consiste « à maintenir l’essentiel des usages dans leur antique et respectable pureté et à amener l’uniformité longtemps désirée ». Ce n’était pas nécessairement le chaos comme il fut écrit, mais à tout le moins foisonnement de Rituels pseudo-équivalents !

Il faudra plus de 13 ans à différentes Commissions et autres Chambre des Grades pour venir à bout de ce travail ! Un des grands artisans de la rédaction finale des Rituels fut le célèbre F Orat Roëttiers de Montaleau.

Parallèlement, le GODF décide, en 1784, la création du Grand Chapitre Général de France. Celui-ci range les grades connus en 4+1 Ordres dits de Sagesse. Ces 4 Ordres de Sagesse (Elu, Gd Elu, Chevalier d’Orient, Prince RX) plus le 5ème Ordre qui servit d’Académie en étudiant les connaissances provenant des divers systèmes, des grades non retenus au sein des 4 premiers Ordres, ainsi que de coordination administrative. Le vrai Rite Français en 7 Grades est né… mais il ne s’appelle pas comme cela, à cette époque !

En 1786, le GODF adopte et vend aux LL un Rite sous forme manuscrite en livrets pour les 3 premiers grades. Ce n’est qu’en 1801, qu’une version assez fidèle à la version de 1786 est publiée, sous le titre « le Régulateur du Maçon ». Différence notable par ex : il est peu fait mention de Dieu dans les Rituels de 1786, ce qui pour l’époque est remarquable, mais quand même : l’Obligation au Grade d’App est prêtée « sur le glaive, symbole de l’homme devant le GADLU, qui est Dieu ». La mention « qui est Dieu », sautera dans la version de 1801 ! Ouf ! A noter aussi, que les travaux ne s’ouvre et ne se ferme pas à la Gloire du GADLU ! La Bible, apparemment pas toujours présente, n’est considérée que comme un des trois meubles de la Loge, avec l’Equerre et le Compas. Rappelons, qu’au Rite Français, les Trois Grandes Lumières de la Maçonnerie seront toujours la Lune, le Soleil et le Maître de la Loge, représentés par 3 grands chandeliers autour du tapis de Loge, en position SO, NE et SE ! Enfin, il n’y a pas de prières pendant les Banquets ! Youpie !...

Un autre ouvrage, appelé « le Régulateur du Chevalier Maçon » sera lui destiné aux Chapitres et fera mention des Rituels des 4 Ordres de Sagesse.

Pendant le XIXème siècle, le Rite Français (il s’appelait désormais comme cela, depuis l’avènement du fameux Rite Ecossais Ancien et Accepté en 1804) connut des changements et virevoltes, au gré de l’Histoire. Si les Loges vont adopter en 1849, le ternaire Liberté-Egalité-fraternité, en 1858, sous le second Empire, le Rituel dit de Murat , c’est à dire imposé sous la Grande Maîtrise du prince Murat, place l’invocation du GADLU à tous les carrefours ! Un déisme ambiant régnait alors dans les Loges…

En 1877, revirement de situation, le GODF votant la suppression de l’affirmation dogmatique selon laquelle la Maçonnerie aurait pour base la croyance en Dieu et en l’Immortalité de l’Ame…re-Ouf ! Et, dans la foulée, en 1887, le Rituel dit Amiable (Louis) voit le jour : le Rite Français se présente dans une version laïcisée, imprégnée de positivisme, mais on a singulièrement taillé dans l’essentiel des pratiques rituelles…

Citons encore une solide évolution du Rite sous l’Egide d’Albert Groussier après la 2ème guerre mondiale, seulement. Le Rite « Groussier » va permettre la réhabilitation d’un cérémonial digne de ce nom, tout en intégrant des principes novateurs. C’est sur cette base que travaille encore le GODF aux 3 premiers Grades, après quelques mises à jour, dont la dernière date de 2002.

Dans les Hauts-Grades, le système à 33 degrés du REAA, dès sa naissance officielle en 1804, sous l’égide d’Alexandre de Grasse-Tilly, a connu un essor rapide et considérable, qui signera petit à petit, l’abandon du système Français des 4 Ordres de Sagesse. Plus on avait de titre ronflants, Prince de ceci, Chevalier de cela, et mieux c’était… et là, le REAA est imbattable !

Il est à noter que le Rituel Murat de 1858, conservait 7 grades mais remplaçait les Ordres de Sagesse (Elu, Grand Elu Ecossais, Chevalier d’Orient et Souv Prince Rose Croix) par 4 étapes du système REAA : le 18ème, le 30ème (kadosch), le 32ème et le 33ème deg. A partir de ce moment, le Rite Français, mutilé ne comporte plus virtuellement, et pour longtemps, que les 3 premiers degrés ! Il est à noter que ce sont les mêmes Chap, sans changer de nom, qui vont progressivement passer des Ordres de Sagesse au système du REAA !

Pendant plus de cent ans, les 4 Ordres de Sagesse du RF sont restés en sommeil !... ils sont maintenant réveillés, mais c’est une autre histoire, VM !

Les Fondamentaux du Rite Moderne

De fin XVIIème à début XVIIIème, en Angleterre, sont apparues de nombreuses divulgations dévoilant les soi-disant « secrets » de la FM. Elles font apparaître les éléments de Rituels que l’on trouvera de façon constante en Angleterre, et ensuite en France : position des Col JetB, piliers F, S, B, tapis de loge, pavé mosaïque, Lumière de la Loge : càd Lune, Soleil et M de la Loge, batterie en 2+1, pas du Maçon commençant du pied droit, signes guttural et pectoral, attouchements…c’est l’ensemble de ces pratiques rituelles qui vont se retrouver sur le continent et servir de base à ce qu’on appellera plus tard le Rite Français.

Au cours du 18ème siècle, ces Rituels se sont étoffés et enrichis de divers symboles et d’évocations soit empruntées à d’autres traditions ésotériques antiques, soit réellement créées : ainsi les « voyages » datent de 1730, le « dépouillement des métaux » de 1740, le « cabinet de réflexion » de 1765…

Selon notre F Ludovic Marcos (Conservateur du Musée de la FM, rue Cadet à Paris), la fixation du rite des modernes « à la française » en 1785 est un évènement majeur et de longue portée : c’est la cristallisation de ce que les Loges pratiquaient depuis un demi-siècle ! Une codification réussie, dans une authenticité totale et sachant apporter les bonnes réponses au regard des nécessités de l’époque ! Cet équilibre entre tradition et modernité, et l’élégance qui s’en dégage, pleine de sens, fleure bon les Lumières !

Le Rite Moderne Français pur, il est maçonnique, mythique et symbolique

Il comporte depuis ses origines trois grades bleus et cinq Ordres de Grades.

Il privilégie la tradition conviviale des origines anglaises, le respect et l’amour des Lumières, une certaine idée de la Laïcité et la seule raison.

Spécificités du Rite Français

• la loge des ouvriers maçons se tient dans le Porche du temple, et non dans le temple….la loge étant traditionnellement située HORS du temple, on y voit la voûte étoilée.

• Les trois grandes lumières sont : le solei - la lune - le Maître de la Loge. Il n’y a jamais d’autel séparé, mais « le livre des statuts généraux de l’Ordre » est disposé sur le plateau du Vénérable.

• La colonne des apprentis est J, la colonne des compagnons est B.

• Les trois grands chandeliers constituent une équerre ayant pour base l’Orient et non l’Occident, et représentent le soleil, la lune et le maître de la Loge. La position inverse, ayant pour base l’Occident, est écossaise.

Les autres spécificités du Rite Français de 1786 sont :

* le simulacre de la saignée, le calice d’amertume, le serment prêté sur les statuts de l’Ordre et l’épée, symbole de l’honneur.

* la position d’ordre en posant la main au col, de manière que le larynx se trouve entre l’index et le pouce, l’avant-bras à plat sur la poitrine ; pour faire le signe, on élève ensuite le coude et la main trace le niveau, et on abaisse ensuite la main par perpendiculaire. La position d’Ordre au Rite Français, comme au Rite Ecossais Rectifié, contredit l’inconfortable position d’ordre anglo-saxonne, d’origine « ancienne », coude levé.

En Belgique :

Voici ce qu’affirme le GOB sur son site officiel Internet : le rite moderne ou rite des Modern(e)s : rite de fondation du Grand Orient de Belgique, également parfois appelé rite français, inscrit dans la filiation de la Grande Loge de Londres de 1717 dite « Grande Loge des Moderns »; c’est un rite basé sur la quête de la Raison, de l’Homme maillon de la chaîne sociétale…

En fait, en Belgique, ce que nous appelons Rite Français, est généralement un sérieux meltingpot, comme on dit à bxl !...avec des influences écossaises ou militaires marquées.

Résumé des caractéristiques et emprunts du Rite Moderne Belge

-L’initiation d’apprenti, en ses voyages, est assortie d’épreuves et pas seulement de purifications.
-L’ouverture et la fermeture de la Bible est une greffe des rites anglais. De même que les serments prêtés sur la Bible.
-Le serment d’obéissance de l’Orateur au VM est un vestige de l’Empire.
-Les 3 grandes lumières Bible équerre compas ; c’est une greffe des Anglais.
-Les 3 chandeliers avec base à l’Occident proviennent de l’Ecossisme en général.
-La loge devient le temple, comme au REAA
-Les grades deviennent des degrés, comme au REAA et en Angleterre.
-Les ex VM deviennent Couvreurs « par humilité », ce qui revient à dévaloriser le rôle essentiel du Couvreur de la Loge ; c’est propre au RMB.
- Il y a un autel dans la Loge, ce qui est une greffe du REAA, des Anglais mais surtout des Eglises de toutes obédiences.
- Les déambulations en loge des FF « au signe de fidélité », c’est une greffe militaire et anglaise.
- Enfin, last but not least, la chaîne d’union se faisant mains dégantées, afin, disent les auteurs classiques, que le fluide circule !!! Ce qui est une greffe des occultistes du XIXe siècle.

Ah, le vilain petit rite bâtard que voilà, me diras-tu, VM ?... Peut-être effectivement moins « pur » que le véritable Rite Français… Mais, en Belgique, nous pouvons dès lors, nous prévaloir d’une richesse de toutes ces différences, très sensible d’une Loge à l’autre lorsque nous voyageons au sein du GOB par ex… ce qui tranche par rapport au RF assez uniforme sur l’entièreté du territoire hexagonal.

Petit bémol du « vrai » Rite Français selon moi, le GODF se l’est véritablement approprié, et le considère comme SA chose… ex de l’excommunication en règle subie par les FF Belges à l’origine du renouveau des Ordres de Sagesse en Belgique !

Ce qui définit le Rite Français, c’est toujours son système symbolique et rituel, mais, nos FF français, rajouteraient et son identification historique au GODF !... là où le bat peut blesser, c’est que cette appartenance peut engendrer une signification idéologique au Rite ! Confondre l’action historique du GODF avec une certaine vocation messianique du Rite Français, que l’on supposerait destiné depuis ses origines à défendre l’esprit laïque et à établir la République, est une absurdité, toujours bien encrée chez certains FF, mais que les historiens de la FM ne manquent pas de relever !

Finalement, l’essentiel dans ces notions de rite et de rituel, n’est ce pas la Quête de sens ?

Un ex : où sommes-nous ? Je revendique haut et fort que nous sommes dans une L ou un At, pas dans un T !...

Le vocable Temple possède, pour moi, une connotation quelque peu religieuse qui m’ennuie un peu…juste un peu, VM et ce n’est pas cela l’important. Le mot Loge, a l’avantage de faire parfaitement référence à nos ancêtres bâtisseurs. De plus, historiquement, les Maîtres Bâtisseurs et leurs ouvriers se réunissaient dans ces Loges, souvent sans toit, qui étaient la plupart du temps adossés à la construction qu’ils réalisaient. Regardons autour de nous : on voit la voûte, il n’y a donc pas de toit. Les Col J et B sont ainsi devant le T et non pas dedans, comme c’est d’ailleurs décrit dans la Bible. Nous travaillons donc, mythologiquement sur le parvis du T de Salomon et nous sommes réunis dans cette Loge, symboliquement, pour travailler au plan d’un Temple qui ne sera jamais terminé… celui de l’Humanité !...

Ce qui compte, encore une fois, c’est la cohérence du propos… si un F préfère le vocable Temple et a sa propre explication cohérente, pourquoi pas, VM… mais, je crains seulement que cela colle alors moins bien avec notre Rite Français !

La Loge est en tout cas un At où travaillent des ouvriers : VM, ce midi j’ai un peu bossé pour présenter cette Planche, mais tous les autres FF présents ce midi sont aussi au Travail, ils réfléchissent à chaque phrase que je leur propose, et analysent mes propos selon leur filtre personnel… personne ne peut être spectateur en FM !... Personnellement, je suis en tout cas, moins un symboliste dans l’âme, qu’un zélé ritualiste… cherchant plus la mise en condition et l’émotion du moment, que la masturbation intellectuelle.

En conclusion, VM, Nous pouvons être fiers de l’héritage que ce Rite des Modernes nous a laissés ! Car il est évident que ce Rite véhicule les plus anciennes traditions rituelles et symboliques de la maçonnerie spéculative ! Mais, ce Rite a aussi été à l’écoute des changements d’époque et de sociétés, et a pu évoluer pour nous donner ce tout cohérent, imprégné de tradition et vecteur de progrès.

Je terminerai par une note personnelle : je pense que chaque Loge peut interpréter et adapter le Rite. La liberté et la variété d’usage devient alors une grande richesse… mais il faut garder le socle historique et fondateur de ce Rite… tout en évitant, le traditionalisme fixiste !

S’il est de bon ton de décrire la FM comme progressiste et progressive… comment pourrions-nous dès lors, fonctionner avec des Rites fixés mot pour mot !...

Je ferai mienne cette maxime de Martin Buber : « La tradition est la plus belle des libertés pour la génération qui l’assume avec la conscience claire de sa signification, mais elle est aussi l’esclavage le plus misérable pour celui qui en recueille l’héritage par simple paresse d’esprit »

J’ai dit, VM !

Didier E, VM de la RL Les Degrés du Temple à l’OR de Jodoigne

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